dimanche 11 mai 2014

Des solutions peu efficaces et onéreuses, un parcours de soins long et complexe... La prise en charge des patients souffrant d'apnée du sommeil est loin d'être satisfaisante.
 
Mais les choses pourraient s'améliorer : la société Oniris commercialise une orthèse d'avancée mandibulaire auto-personnalisable et réglable, rapidement disponible et à un prix attractif. Une solution que ne voit cependant pas d'un bon œil la Société de pneumologie de langue française (SPLF).
Loin d'être anodines, les conséquences de l'apnée du sommeil ne conduisent pourtant pas à une prise en charge systématique, loin de là ! A peine 10 % des patients seraient traités. Explications.

Apnée du sommeil : des risques élevés pour le coeur

Si ronflement et apnée du sommeil sont souvent associés, l'un n'entraîne pas nécessairement l'autre. On estime ainsi que sur les 19 millions de Français qui ronflent, 20 % souffrent d'apnée du sommeil, soit environ 4 millions d'individus. Ce trouble respiratoire, qui se caractérise par des interruptions de la respiration pouvant durer plus d'une minute et se reproduire jusqu'à 100 fois par heure, est lourd de conséquences sur le plan de la santé : le risque d'hypertension artérielle (HTA) et d'accident vasculaire cérébral (AVC) est ainsi multiplié par 5, celui de cancers par 4,8, de diabète de type 2 par 4, de dépression par 2,6... Sans compter le risque d'accidents de la route, 15 fois plus élevé chez un apnéique !
Selon une enquête1, 7 % de la population adulte se déclare effectivement concernée et citent l'apnée au 3ème rang des troubles du sommeil dont ils souffrent, après les troubles du rythme (avance, retard, irrégulier...) et l'insomnie. Dans 70 % des cas, il s'agit d'hommes, âgés entre 40 et 64 ans. Et 39 % des ronfleurs ont une maladie liée à l'apnée du sommeil : 18 % souffrent d'HTA, 13 % de somnolence, 6 % de dépression. La plupart ignorent pourtant qu'ils souffrent d'apnée : c'est souvent leur conjoint(e) qui le leur signale.

Apnée du sommeil : une maladie sous-diagnostiquée et insuffisamment traitée

Encore plus rares sont ceux qui se font diagnostiquer et prendre en charge. Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS)2, seule une minorité de patients est diagnostiquée et une part encore plus infime traitée (environ 10 %). "Le manque d'actions de la part des patients, un parcours de prise en charge long et complexe et des traitements peu satisfaisants" ont raison de la volonté des patients, analyse le Dr Gérard Vincent, spécialiste de l'apnée du sommeil à l'hôpital Bretonneau à Paris3. Une hypothèse que semblent confirmer les résultats de l'enquête, selon laquelle seuls 16 % de ronfleurs et 41 % des patients apnéiques ont entrepris une action pour traiter leur problème, dont ils méconnaissent et/ou sous-estiment les méfaits.
Interlocuteur privilégié des patients, le médecin généraliste n'a pas de traitement à sa disposition et se trouve souvent démuni : il adresse généralement le malade à un spécialiste (médecin ORL, pneumologue, chirurgien) ou un centre du sommeil, pour lesquels les délais atteignent ou dépassent bien souvent les 6 mois d'attente.

Apnée du sommeil : des traitements chers et peu efficaces

Mais si encore les traitements étaient à la hauteur des espérances... Qu'il s'agisse des traitements anti-ronflement ou de ceux contre l'apnée, ils sont jugés inefficaces, chers et inconfortables par la grande majorité des personnes atteintes (respectivement 71 %, 21 % et 15 % des ronfleurs, et 58 %, 18 % et 32 % des apnéiques). D'ailleurs, à l'issue d'une consultation, à peine la moitié des patients entreprennent de suivre le traitement proposé.
Celui-ci est en outre fortement influencé par la spécialité du médecin consulté :
  • Ainsi, un pharmacien suggérera des sprays, bandelettes et autres pastilles, lesquelles sont inefficaces en cas d'apnée.
  • Un chirurgien optera pour une intervention sur le voile du palais, une opération lourde, irréversible, douloureuse et onéreuse (500 à 1 000 €). Et inutile si le ronflement n'est pas nasal.
  • Un pneumologue orientera vers la ventilation par pression positive continue (VPPC). Assez efficace contre l'apnée, cette approche est en revanche très mal tolérée par le patient et son(sa) conjoint(e) et coûte 1 000 € par an à l'Assurance maladie.
  • Un dentiste proposera plus volontiers une orthèse d'avancée mandibulaire (OAM) de laboratoire, dont le coût élevé (400 à 900 €) et entièrement à la charge du patient en dissuade plus d'un, tout comme ses délais de mise en place qui sont de plusieurs semaines à plusieurs mois.

Oniris, la solution contre le ronflement et l'apnée ?

Devant l'enjeu sanitaire majeur que représente l'apnée du sommeil, la société Oniris, start-up familiale créée en 2011, a mis au point une orthèse d'avancée mandibulaire efficace, simple et peu onéreuse. Sur le même principe que les orthèses fabriquées en laboratoire, ce dispositif médical est constitué de deux gouttières articulées et reliées entre-elles par des barrettes ajustables, qui permettent de maintenir la mâchoire inférieure en position avancée pendant le sommeil. Cette avancée mécanique permet de libérer le passage de l'air au niveau du pharynx et de diminuer ainsi le phénomène d'obstruction.
 
Efficace sur les apnées obstructives - les plus fréquentes -, l'orthèse d'Oniris a déjà séduit 12 000 patients depuis le début de l'année quand seuls 5 000 portaient une orthèse de laboratoire. Une petite étude multicentrique4 menée auprès de 35 patients souffrant d'une atteinte modérée à sévère atteste de son efficacité : l'intensité des ronflements est divisée par 4 chez 83 % des patients et celle de l'apnée par 3 chez 77 % des malades modérément atteints. Simple d'utilisation, confortable, elle satisfait 95 % des utilisateurs, a indiqué Thibaut Vincent, cofondateur d'Oniris.
 
Les avantages de cette orthèse par rapport à celles créées en laboratoires ? Son accessibilité et son coût. Composée de matériaux moins coûteux que ceux utilisés par les laboratoires, et disposant d'un système breveté de thermoformage, son réglage se fait par le patient lui-même et court-circuite ainsi les nombreux allers-retours entre le laboratoire et le dentiste pour l'ajustement de l'orthèse. "Le thermoformage se fait en bouche, comme les protège-dents de rugby, et pas en laboratoire. C'est beaucoup plus rapide", confirme Thibault Vincent, cofondateur d'Oniris et actuel directeur général.
Vendue en pharmacie au prix de 69 €, elle est également disponible sur Internet5. Et l'ambition des fondateurs d'Oniris ne s'arrête pas là : convaincus de l'intérêt d'élargir l'offre thérapeutique pour améliorer la prise en charge médicale, ils veulent sensibiliser médecins et pharmaciens aux troubles du sommeil. Un défi qu'ils se sont lancé pour 2014 afin d'atteindre en 2016 leur objectif d'appareiller 250 000 patients atteints d'apnée du sommeil.
 
Président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), le Dr Francis Martin6 juge que "seules les orthèses sur-mesure réalisées par un professionnel capable de vérifier l'état dentaire sont efficaces". Six laboratoires sont agréés en France et permettent aux clients de bénéficier d'une prise en charge de la part de l'Assurance Maladie.
 
De son côté, le laboratoire Oniris souligne que ses orthèses sont parfaitement adaptables à la morphologie des patients et sont prescrites par plusieurs centaines de médecins et dentistes. Le laboratoire revendique une efficacité équivalente aux orthèses sur mesure (l’étude conduite sur 35 patients conclut à des résultats comparables). Mais faute d’une étude comparative directe entre les deux solutions, le débat reste ouvert.
 

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